Demain c’est la Saint-Jean, une fête traditionnelle, religieuse et populaire, qui a toujours eu une grande importance dans les Landes, et qui est à l’origine d’un certains nombre de traditions et de croyances diverses.
Malgré son nom qui laisse penser que cette fête est avant tout catholique, dédiée à Saint-Jean-Baptiste, elle est en réalité indissociable du Solstice d’été, dont la date coïncide presque parfaitement.
Et les rites, les traditions landaises de la Saint-jean sont en réalité issues de vieilles traditions païennes qui célébraient le jour le plus long de l’année.
Beaucoup connaissent déjà la tradition des croix de la Saint-Jean, faites de fenouil et de fleurs diverses ramassées à la veille de la Saint-jean. On accrochait ces croix fleuries sur les linteaux des maisons afin de les protéger du mauvais sort, des maladies, et assurer la prospérité de la famille.
La nouvelle croix remplace l’ancienne sur la maison de maître à Marquèze
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Les plantes cueillies la veille de la Saint-Jean, ou à l’aube de la Saint-Jean, encore recouvertes de rosée, ont en effet la réputation d’avoir des bienfaits purificateurs, et les plantes médicinales voient leurs propriétés se multiplier si elles sont récoltées ce jour-là.
Ces croix de la Saint-Jean sont une tradition encore bien vivante dans les Landes, et si vous souhaitez en apprendre davantage sur ce rite, l’écomusée de Marquèze y consacre un atelier demain.
Croix de la Saint-Jean
L’autre tradition principale est celles des grands feux de la Saint-Jean, au-dessus desquels on sautait pour s’apporter chance et prospérité au cours de l’année à venir.
Je me souviens encore, quand j’était petite, de ce feu immense que l’on avait allumé dans mon village, à Carcarès, autour duquel on avait festoyé, joué, dansé. Je ne suis pas sure que cette journée de la Saint-Jean y soit encore organisée aujourd’hui, et c’est bien dommage. J’en garde un fort souvenir.
On raconte aussi que le matin suivant la fête, avant le lever du soleil, autrefois les enfants fouillaient les cendres du feu de la veille pour y chercher des poils de la barbe de Saint-Jean. S’ils en trouvaient un ou deux, ces poils leur garantissaient une vie heureuse.

Restauration et animation musicale autour du feu de la Saint Jean aux Forges, à Tarnos le 24 juin. Photo Jean-Yves Ihuel
Mais il y a aussi dans les Landes une autre croyance populaire concernant la Saint-Jean, peut-être moins connue :
Dans les Landes, il est de croyance populaire que, pendant la nuit de la Saint-Jean et à minuit sonnant, l’eau des fontaines se change en vin. A force de l’entendre répéter, un paysan de Soustons voulut, par lui-même, s’en rendre compte. Il quitta sa maison et se glissa furtivement jusqu’à la fontaine voisine. Il s’assit au bord de la source et, de temps en temps, il prenait de l’eau dans le creux de sa main, et la goûtait ; mais ce n’était jamais que de l’eau. Enfin, comme minuit sonnait, il la goûta de nouveau et, en effet, l’eau avait le goût du vin. Il ouvrait la bouche et proclamait le miracle : « Adare l’aygue qu’en chanjade en bin ! » (« A présent, l’eau est changée en vin ! »), lorsqu’une voix sortant de la fontaine lui répondit : « E doun qu’as ta fin ! » (Et donc, tu as ta fin! »). Et l’homme mourut.
Depuis cette époque, personne ne s’avise plus de contrôler le prodige et croit… sans aller voir.
« Coutumes et superstitions de la Saint-Jean », Ludovic Mazaret, cité dans Les mystères des Landes de Pierre CHAVOT, p70
Et vous, célébrez-vous la Saint-Jean ?
Chez vous, dans votre village, en famille ? Ou bien dans des lieux comme Marquèze, ou bien Bouricos à Pontenx-les-Forges, où se tient la Foire de la Saint-Jean chaque année depuis le Moyen-Âge ?
Quoiqu’il en soit, je vous souhaite à tous un très bel et agréable été 🙂