La Pierre de Griman

Comme je l’ai évoqué dans un précédent article, il y a dans les Landes un certain nombre de vieilles pierres dont la présence mystérieuse au sein du paysage a emballé l’imaginaire collectif.

La pierre dont je vais vous parler aujourd’hui a non seulement une légende qui lui est propre, mais a également la réputation de posséder des vertus magiques.
Il s’agit de la Pierre de Griman.

Elle se trouve sur la route qui relie Sabres à Morcenx, non loin du lieu-dit Peyticq, à une trentaine de mètres de la route, au beau milieu de la lande. Elle est très facilement trouvable, grâce à un petit panneau posé au bord de la route, et des balises qui indiquent ensuite le chemin au milieu des pins, des fougères et des ronces. Cette pierre n’est pas bien spectaculaire ; carrée, plate, elle mesure environ un mètre sur un mètre et ne dépasse pas du sol de plus d’une trentaine de centimètres. Sa présence au milieu du désert landais reste un mystère… Est-ce un vestige d’un ancien monument mégalithique ? D’une sépulture ? D’une ancienne borne romaine ? Comme pour les Pierres de la Fée, les avis divergent, mais sa présence n’est certainement pas due au hasard.

L’imaginaire landais s’est donc emparée de ce mystère, et la légende raconte qu’à cet endroit autrefois, se dressait une chapelle et son clocher (on retrouve comme toujours la présence de la religion dans une histoire vouée à expliquer un phénomène), qui ont tous deux été engloutis sous terre, dans un gouffre insondable. Certains disent avoir même entendu parfois le lointain son souterrain des cloches… La pierre serait demeurée là, seul souvenir de l’église disparue, pour en perpétuer la mémoire. Cette croyance est renforcée par le fait que, malgré tous les efforts tentés, personne n’a jamais pu déplacer cette pierre, ni même la faire bouger. Pour le peuple, c’était la preuve que cette pierre était destinée à rester là, au milieu du désert, pour leur rappeler la présence de la chapelle et de sa malheureuse disparition.

Mais ce n’est pas tout. Une autre légende, bien mystérieuse, rapporte qu’un jour, un pauvre passait dans le désert landais, s’est arrêté devant cette pierre, et s’est agenouillée devant elle. Un résinier le vit, et fut curieux de savoir ce qu’il faisait là. Le pauvre répondit : « tous les enfants qui ne marcheront pas au bout de l’an, qu’on les porte sur cette pierre, ils marcheront ». Et après cette réponse, le pauvre disparut comme une ombre.

La légende ne précise pas l’identité de cet homme… Est-ce un Saint ? Ou Dieu lui-même ? On ne peut que le supposer.
Toujours est-il que cette croyance s’est répandue dans toutes les Landes. La tradition voulait qu’on y emmène les enfants qui avaient des difficultés pour marcher, qu’on leur fasse faire 9 fois le tour de la petite pierre, puis que l’on y laisse en offrande les chaussures ou les chaussons de l’enfant.
Ce petit rituel accompagné d’une offrande laisse penser que cette pratique est très ancienne et puise ses origines dans le paganisme, qui s’est transformé en croyance populaire. Il y a fort à parier que l’Eglise ne voyait pas d’un bon œil la dévotion que portait le peuple à cette pierre et à ses pouvoirs magiques, et que c’est peut-être elle qui est à l’origine de la légende de la vieille chapelle engloutie, afin de détourner, comme souvent, une vieille tradition païenne et la rattacher au christianisme…

Quoiqu’il en soit, il semble que cette croyance fasse encore des adeptes de nos jours, si l’on en croit les petits souliers d’enfants que l’on trouve encore aujourd’hui sur la pierre de Griman…

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